Rencontre avec les Enigmatik : le retour du rap féminin - HipHop4ever

Rencontre avec les Enigmatik : le retour du rap féminin

enigmatik

C’est dans les locaux d’UGOP que je rencontre Enigmatik. Enigmatik, du Rap au féminin, ça fait du bien! Mais trêve de bla-bla, rentrons dans le vif du sujet.

Bonjour les Enigmatik, pouvez vous vous présenter?

“Moi c’est Salima, à coté c’est Fathy, donc le groupe Enigmatik existe depuis 1998, en gros ca fait un peu plus de 10 ans que le groupe existe, et avant on était trois, on le précise, et maintenant cela fait un peu plus d’un an qu’on est deux : la troisième (Aicha) a décidée de faire une carrière solo. Ce qui vous réuni aussi c’est que vous soyez deux sœurs ?
Franchement pas du tout, on est pas du style à faire des différences, on a pas de souci là dessus. C’est vrai qu’il y a des liens plus forts entre sœurs, mais bon ce n’est pas la raison qui a fait qu’elle soit partie en solo, les chemins se sont séparés pour ça. On lui souhaite évidement bonne chance.

Ca fait a peu près dix ans que vous rappez : au début au sein d’un collectif qui s’appelle la perle noir, qui est déjà une connexion avec l’équipe actuelle, pouvez vous nous en parlez un peu?
En fait Perle Noir est un album qui s’est fait deux ans après qu’on ait commencé à faire du rap et c’était un album fait par les personnes qui nous ont initiés au rap : qui nous ont donné gout au rap, avec qui ont a commencé à bosser et qui nous ont invités sur leur premier projet et donc c’était notre première apparition sur un maxi : à partir de là tout s’est enchainé. Dans ce maxi, il y avait Oswald qui est maintenant notre manager : et donc lui aussi faisait du rap avant, mais maintenant il est plus dans le management et s’occupe de nous : on est d’ailleurs dans le label UGOP dont il fait parti et dont on fait parti aussi.

Bonne transition sur UGOP : est ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?
UGOP est un label indépendant, qui est né en 1999, qui a ses locaux dans le 18ième depuis 2003, et au label on fait du développement d’artistes, on fait pas mal de choses dans le domaine associatif : avec des ateliers d’écritures, avec des jeunes du quartier, on a sorti nos projets aussi sous la bannière UGOP. On a notre studio, on a les beatmakers qui travaillent ici, c’est vraiment un délire entre potes, et c’est aussi un label: on y kiffe l’ambiance. C’est une structure qui est bien organisée, mais au dela de la structure, c’est vrai que c’est une grosse famille, cela fait 10 ans qu’on se connait quasiment tous et on bosse avec les mêmes personnes depuis le début.

Vous aviez commencez avec des ateliers d’écritures, donc vous aviez envie de continuer à transmettre ca ? Oui, tout à fait.

Vous êtes issus du 18ième, et le 18 c’est plus qu’un arrondissement, un lieu, c’est aussi une Ecole de rap, il y a des artistes comme Flynt, comme la Scred Connexion, pleins d’autres, pouvez vous nous parler de cette Ecole du 18ième ?

C’est vrai que pour nous le 18 c’est le berceau du rap, et c’est toujours les résistants du rap actuel, donc c’est vrai qu’il y a des grands rappeurs comme la Scred, Flynt, je peux en citer plein : Sidi O, AKI, Dino de Beatstreet, donc on est vraiment fière et on revendique le fait d’appartenir à cette école et on essaye de porter le message. Pour nous cela fait parti de nos fondamentaux, de nos bases, on a le rap et on aimerait bien aussi être une référence dans le 18ième. Le rap du 18ième a sa signature, nous on a grandi avec cela, c’est une réelle influence pour nous.

Avant de continuer notre entretien, je vous propose (pour ceux qui ne les connaissent pas encore) de découvrir un de leur morceau : Ici ou ailleurs :

On va maintenant plus rentrer dans votre album : qui est d’ailleurs plutôt un street- album qui est composé de 14 titres et 2 instrus,

Le morceau ici ou ailleurs : c’est le morceau qui m’a le plus scotché, et je ne suis pas seul, ceci s’expliquant : le morceau est très bien construit : c’est un constat : avec la punchline suivante : “la patrie des droits de l’homme cultive le racisme” : qu’est ce que vous avez à dire sur ce morceau?

Ce morceau nous tenait particulièrement à cœur : de part nos conditions d’enfants d’immigrés, issu d’un quartier populaire : au quotidien, on vit d’une manière assez particulière et c’est un morceau à travers lequel on voulait exprimé notre vécu d’enfant d’immigré mais après par rapport au morceau, on aurait pu en faire tout un album : c’est vraiment un sujet inépuisable. C’est un truc qu’on a toujours vécu : quand on va en Algérie, on a toujours ce discours là avec les gens de la famille : un peu la comparaison entre notre vie en France et la vie en Algérie : mais une vision qui est faussée, parce que la famille en Algérie pense qu’ici tout est facile alors qu’ici on a aussi tout à construire, et c’est vraiment une histoire de jeunes qui ont du mal à se positionner par rapport à leur double culture, qui sont en quête de leur identité et qui n’ont pas envie de choisir, mais à qui parfois on demande de choisir, ou à qui on impose un choix, ou des étiquettes tout simplement. Là bas, quand on va là bas on est appelé les immigrés, quand on est ici on est des enfants d’immigrés. Du coup on est entre les deux, on est ni … c’est assez difficile, on est tiraillé entre deux cultures…

On va enchainer sur un deuxième morceau de l’album qui se nomme “citoyen de seconde zone” : qui parle de tous les gens qui sont exclus, qui “naissent moins libres et égaux” que les autres, c’est un constat d’un regard que les gens peuvent porter sur une partie de la population : ceux qui sont mis de coté, pouvez vous nous expliquer ce morceau?

C’est vrai qu’on a pris en exemple 3 cas particuliers : on a pris les personnes incarcérées qui sont mis de coté une fois sorti de prison, on a pris les immigrés encore une fois (rires), et on a pris les marginaux, les sdf, tous ceux qui sont mis de coté, et on a pris chacune un cas particulier qu’on a exprimé dans la chanson, et en gros c’est pour dire la difficulté d’être en dehors de la marge.

Ce morceau est avec un invité de marque : Mokless. Oui, on a eu Mokless de la Scred Connexion, il faut savoir qu’on a commencé les ateliers d’écriture avec lui (quand même) et on va dire que Mokless est un peu le grand frère, il nous a toujours un peu guidé, conseillé et la on est contente qu’il ait accepté le featuring.

Le morceau suivant que je voudrais mettre en lumière est “le fléau de l’ambition”, avec une image qui est celle d’un vêtement, et j’avoue que je trouve la prod magnifique. Quel est le message de ce morceau?
La prod est de Okin, le message c’est qu’on a tous des ambitions des projets, mais qu’on est pas non plus prêt à tout, ça n’engage que moi, mais je ne suis pas prête à tout pour arriver à mes fins. C’est un maniere d’aborder ce thème, car dans le monde de la musique et même au quotidien, dans tous les milieux, on a rencontré des gens qui avaient des ambitions débordantes, prêt à tout pour écraser les autres, nous on est pas prête à ça.

Dans ce morceau (et dans d’autres aussi) Salima, tu chantes : c’est surprenant et agréable. En fait moi en plus du rap j’ai fais du chant classique avec une chorale (connue) donc voila on va dire que c’est mon petit truc en plus, j’ai essayé de chanter sur certains morceaux. Aujourd’hui je ne sais pas si je le referai, je ne me sens peut-être pas encore vraiment capable de le faire plus, dans ma vision des choses : le chant si tu n’es pas super fort tu laisse tomber : tu vois ce que je veux dire. On verra par la suite si je vais chanter ou non. Fathy : ah si tu devrai… / Salima, oui mais je ne veux pas qu’on me catégorise dans le RNB, car pour être crédible dans le chant il faut avoir un très bon niveau, ce qui est par exemple le cas de Soprano… je n’ai pas envie qu’on me catalogue : je fais du rap et il m’arrive de chantonner.

On va parler du morceau “Sous le chapiteau”, tout se passe sous un chapiteau : vous êtes des clowns dans un cirque, c’est très imagé, et qui parle de la vision que peuvent avoir les médias sur la société : avec la manipulation des images… qu’est ce que vous voulez en dire de ce morceau ?

C’est vrai que ce morceau est vraiment une métaphore du monde : une manière pour nous de faire prendre conscience aux gens qu’on a l’impression parfois d’être dans une mascarade, et que tout le monde ne nous ressemblait pas, qu’il y avait des choses insensées, irréalistes, après c’est un morceau à prendre au 2ième degré aussi, mais qui est là aussi pour dénoncer certaines choses. Salima : dans ce morceau, on a essayé de prendre l’image à la Fellini, du monde comme un cirque et on voulait comparer certaines disciplines du cirques et les comparer aux politiciens un peu “illusionnistes”… en gros, on a essayé de jouer avec les termes qui sont propres au cirque : et on a donné notre vision des choses mais il faut le prendre avec un certain recul : les choses sont imagées : et dans le même délire, il y a le morceau “à ce qu’il parait“(qui lui est plus engagé encore).

On va continuer avec le morceau “A ce qu’il parait” avec Aki qui n’est d’ailleurs pas loin avec Box Office et Tepa : c’est un morceau sur les clichés et les différences, avec des punchlines… ce qui est agréable, c’est que chacun votre tour avez des enchainements rapides de vérités simples, que voulez vous dire de ce morceau?

Déja, je dirai qu’à ce jour c’est le morceau qui nous ressemble le plus dans la direction qu’on est en train de prendre, c’est vrai que moi personnellement j’aime bien la construction du morceau, cela s’enchaine assez vite, en même temps, pleins de thèmes sont abordés, le rythme, l’instru font un morceau intéressant : de plus, on a été content de collaborer avec des gens comme Tepa, Aki c’est la famille, on a pu aborder toutes les choses qui nous tiennent à cœur, je précise, qu’on va sortir un maxi sur internet en téléchargement gratuit, et on va faire un remix : “à ce qu’il parait 2008 “de ce morceau on on sera toutes les deux.

Quels sont vos projets ? (réponse des intéressées en video ci dessous : press play)

Enigmatik en live :

Plus d’informations sur le duo : www.myspace.com/enigmatikugop

Interview réalisé chez UGOP pour streetblogger / HipHop4ever par Dany aka Rastaiam – Aki je bosse pas pour groove (lol)

Un petit cadeau pour vous : Enigmatik Feat Nasme – Le 18 reste un modèle
morceau inédit/dispo sur le CD groove HS spécial Lalcko

Enigmatik feat Nasme : ca vient du 18 [audio:http://boxstr.com/files/2991832_4oqpa/Enigmatik%20feat%20Nasme%20-%20le18%20reste%20un%20model-%20Inedit%20Groove%20special%20Lalcko.mp3]

Un énorme remerciement à Salima et à Fathy! à Oswald, Blaize… Toujours dans la bonne direction…

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