Le Rendez vous a lieu dans les locaux de la radio Hip Hop : Générations 88.2
Lalcko sort de l’émission de Pascal Cefran « Parlez-vous Français ». Il est présent pour promouvoir ce qu’il nomme un street Album « Diamants de conflits » sorti le 14 janvier et c’est pourquoi nous nous rencontrons. Cet interview comprendra des passages écrits, mais aussi des morceaux de l’interview au format audio (qui vous donnerons plus précisément accès à ses pensées et à son univers).
Bonne lecture et bonne écoute.
Lalcko, merci de nous recevoir, pour commencer l’interview, une question classique, depuis quand rappes-tu ?
Lalcko : Merci à toi, je rappe depuis que j’ai 12-13 ans et plus sérieusement depuis que j’ai 16 ans. J’ai ensuite sorti quelques maxis mais mon premier vrai maxi est Blow, qui a été auto-produit, apparu sur la compilation « Independenza ». J’ai ensuite sorti des choses chez 45scientific, mais les ai quitté aujourd’hui.
Justement, tu as déjà sorti un street album avec 45 ?
Lalcko : C’est bien de me poser cette question, en fait, le street album Diamant Noir est sorti juste à la rupture, juste quand je suis sorti du label.
Aujourd’hui tu es séparé de 45 scientific, veux tu en parler ?
Lalcko : Pas plus que cela, mais saches que j’ai appris beaucoup de chose avec cette équipe/structure …
Comment s’appelle ta maison de disque ?
Lal : Je travaille sur Border Blaster, qui est le label d’un ami d’enfance : Georges, dit « Georges le Sable ». A coté de cela, j’ai une petite structure. Enfin la distribution est faite par Wagram.
Tu proposes au public ce que tu dis être un street-album. Pourtant, avec la qualité des thèmes abordés et d’écriture, pourquoi ne pas le considérer comme un « vrai » album ?
Lal : Il a été fait comme tel, j’ai mis un petit temps à écrire, mais très peu de temps à poser : Une semaine et demi. On avait tellement le souci de faire quelques chose de bien qu’on a dépassé nos propres attentes, même en terme de visuel.
J’aimerais que nous rentrions plus dans le détail de l’album : ton premier morceau est “Lumumba” (premier single Radio). D’ailleurs, tu as fait un clip magnifique tourné chez toi, au Cameroun. Peux-tu nous en dire plus ?
Le clip :
Lal : En fait, “Lumumba” est morceau réalisé depuis un petit moment déjà. Il fait parti des choses qui m’ont permis de rebondir à un moment, car au delà du message, écouter ce titre permet de me re-motiver, il représente beaucoup, (…) thématiquement. C’est un morceau qui veut dire qu’on peut disparaître d’un endroit, mais toujours y être par la pensée.
Je me suis inspiré d’un grand monsieur, Patrice Lumumba, qui s’est battu pour son peuple, son continent, mais son message est universel comme celui du Ché ou de Gandhi : C’est un homme du monde.
C’était un très grand penseur africain, moins médiatisé, qui traverse le temps et qui malheureusement n’est pas assez mis en avant.
Lal : La phrase exacte est celle-ci : « Vous avez de nouvelles Citroën, vous construisez de nouvelles tours de Babel », en fait, l’histoire des tours de Babel, dans la Bible, parle de gens qui veulent être proche de Dieu. Ils veulent tellement se comparer au créateur qu’à chaque fois ils construisent des immeubles un peu plus grand, un peu plus grand. Ce morceau s’adresse au président, mais aussi à tous les décisionnaires, à ceux qui ont du pouvoir sur les autres : certes, vous avez du pouvoir, mais un grand pouvoir implique de grandes responsabilités : je sais que vous le savez, je ne suis personne, je ne suis pas mieux que vous, si cela se trouve je serai pire si j’étais président, mais mon rôle d’artiste est aussi d’exprimer la pensée de beaucoup de gens.
Lal : Je dis “Je suis censé être français, je ne vis pas à 100% la France, ma carte d’identité parfois ne me suffit pas“, il faut que je m’explique : c’est ce temps de latence qu’il faut amener les gens à comprendre « ouais mon frère je suis français, faut qu’on y arrive un jour ». Je suis censé car les papiers le disent, mais dans les faits, avec le rythme que la France prend, les français ne seront pas une couleur de peau, se sentiront français ceux qui en auront les moyens, les autres seront des sous français, car ils n’ont pas les même attributs.
(Le détail de ces propos dans l’extrait audio ci après : (cliquer sur le lien) —> Extrait audio de l’interview (Int – 5)
Qu’as-tu voulu dire dans ce morceau ?
Lal : L’intro dit tout : Ok d’accord je ne suis pas censé être en position de force, ok d’accord je ne suis pas celui qui est le plus attendu mais c’est la meilleure situation pour être le meilleur, c’est la meilleure situation pour attaquer.
A l’intérieur de ce morceau on se rend compte qu’il est construit en deux parties. La seconde se structure un peu comme un morceau de Rockin’Squat (Ndr : Leader d’Assassin) : tu fais allusion à des choses historiques, à des penseurs et à des références ; tu pousses l’auditeur à se documenter, se cultiver et à rechercher…
Lal : J’ai ce souci là. Parfois c’est naturel, mais je l’ai aussi travaillé. Quand j’étais petit, le rap m’a amené à la réflexion, Joeystarr m’a fait découvrir les mots, ce serait marrant de dire ca aujourd’hui, mais Joeystarr m’a fait découvrir les mots. A l’époque, NTM avait un vocab de malade. Aujourd’hui le rap s’appauvri, quand je pense que c’était ça les rappeurs hardcore, aujourd’hui être hardcore c’est avoir un vocabulaire et un sens de la grammaire au dessous des normes. Ce n’est pas à ça que j’aspire, je respecte ceux qui font des efforts, mais je sais qu’il y’a des gens qui appauvrissent leur vocabulaire volontairement.
(Le détail de ces propos dans l’extrait audio ci après : (cliquer sur le lien)—> Extrait audio de l’interview (Int – 6)
Cela introduit directement le morceau le “Nègre”, avec une intro de film en Anglais. Parles nous de ce morceau qui se poursuit par “L’heure de la vengeance à sonné”.
Lal : J’ai kiffé cette intro, qui m’a donné l’ambiance du Nègre. Ce morceau est à l’encontre des Wack Mcs, ceux qui pourrissent le rap (pas de noms, ce n’est pas la peine), histoire de dire ok d’accord, il y en a, mais dans le ‘Game’ il reste des gens qui ont vraiment la volonté de ramener quelque chose de puissant. De toute façon, l’arrivée d’une équipe annonce toujours le départ d’une autre.
Tu fais tout simplement du rap conscient, tu essayes d’apporter vraiment quelque chose à cette musique : est-ce que tu partages ça ?
Lal : Je fais du rap conscient, si on veut, mais en fait j’ai surtout conscience de faire du rap, j’ai surtout conscience, que quand je fais des morceau des gens vont l’écouter, j’ai le respect de l’auditeur : je réfléchi avant d’écrire, je réfléchi avant de poser. Il y’a parfois des choses qui m’échappent, tout n’est pas parfait, mais si c’est ça du rap conscient, je fais du rap conscient. Il faut faire du rap pour faire évoluer les choses pas pour qu’elles régressent.
Il y a un autre morceau qui m’intéresse dont je voudrais parler : « La dope ». Tu y parles un peu de religion, mais tu parles aussi et surtout du fait de réussir. Tu dis qu’il y a des potes à toi qui s’en sortent, tu cites notament un pote à toi qui travaille dans la finance. En même temps, tu t’introduis toi même comme un personnage ambivalent : tu te dis ‘Lal Nigger’ c’est à dire sombre et clair à la fois. Peux-tu nous parler de ce morceau et de son ambiance ?
Lal : C’est ce mélange de bien et de mal, comme des fruits et des liqueurs dans un shaker : tu prends des fruits, c’est très positif, mais dès que tu mets les liqueurs et quand tu mélanges les deux ça ne prend plus : C’est un peu ça Lalcko. J’ai des frères qui réussissent très bien, et à coté de cela, j’ai des frères qui se plantent. Dans tout cela, je dis que mon seul but est de rester vrai, dans l’échec comme dans la réussite. C’est une intention, car la société est plus forte qu’on le croit.
Je me suis permis de lire ton album tel un livre, avec 20 chapitres et une préface. J’ai presque tout lu en quelques heures, d’où te vient ta plume, est-ce que tu as un don, en somme, pourquoi est-ce que tu fais du rap ?
Lal : Je ne sais pas, au fond je ne sais plus pourquoi je le fais, je le sens comme ca, j’aime bien, beaucoup de gens me disent que je pourrais faire autre chose, que je pourrais réussir à faire autre chose, mais je pense que Dieu m’a donné une chance de le faire, je suis très croyant…
Pour conclure, à l’intérieur de ton album, tu donnes beaucoup de messages, d’images. Tu fais une intro mais pas de conclusion, j’ai compris pourquoi : tu essayes de faire comme dans le film la Haine, tu dis un truc, les gens se prennent une claque puis réfléchissent au truc.
Lal : Exactement, c’est un peu un mix des différentes pensées du CD, mais c’est aussi pour dire qu’il y’a eu une intro, mais la fin n’est pas une fin, il y’a un album, un véritable album qui arrive (si Dieu veut), qui sera plus intimiste, un peu plus poussé musicalement et c’est un pari que j’ai envie de faire ! Je ne mettrai pas une semaine et demi pour le poser… (rires) »
Veux-tu parler d’artistes français que tu aimes bien ou des artistes que tu suis aujourd’hui, donc pas forcément tous les O que l’on connaît (Ndr : Les O sont Seth Gueko, EscO (bar Macson) et DespO (Rutti) qui posent avec lui dans “la Cage aux lions” ?
Lal : En terme d’influences, j’ai beaucoup écouté Ma3, Lunatic, la Cliqua, NTM …
Je suis un grand amateur de rap français, j’écoute ceux qui ont une énergie et qui écrivent bien. Je ne suis pas trop Internet, mais parfois je découvre des trucs et j’écoute les sons de toute la page.
Pour écouter cette partie de l’interview : cliquer sur la PJ —>
(A ce sujet, allez visitez le myspace : www.myspace.com/lalcko, on espère que le générations live viendra aussi pour nous apporter encore plus d’infos.)
Lalcko merci pour cette interview
Lalcko : Merci à toi.
Avant de nous quitter je lui demande un petit freestyle, que je vous mets à dispo ici : (Le freestyle : (cliquer sur le lien) —> Extrait audio du freestyle) :
A propos de Lalcko (bio rapide)
2002 : « Blow ».
2003 : « Les Voix Suprêmes ».
2004 : « Les Oiseaux Se Cachent Pour Tuer »
En trois titres Lalcko a imposé un style : son style. Chaque chanson de ce MC d’exception est une immersion en apnée où l’on est plongé dans les rues de Yaoundé, Rouen ou de Créteil. Pour seul guide on n’a que sa voix sombre, un sens de la formule lapidaire et une écriture soignée.
2007 : Lalcko revient enfin ! Comme à son habitude, sa science est distillée avec parcimonie. 7 titres exclusifs seront disponibles gratuitement du 7 novembre au 7 décembre. Un mois plus tard, le 7 Janvier la street tape « Diamants De Conflit » atterrit dans les bacs.
Bien sûr ces quatre « 7 » sont une préparation avant l’album tant attendu : Lalcko aura seulement 28 printemps….4X7…
LALCKO – ’Diamants de Conflit’ – Tracklisting :
1. Intro
2. Lumumba
3. Le prix de l’ambition feat. Christophe Rocancourt
4. La cage aux lions feat. Seth Gheko, Despo Rutti, Escobar Macson
5. Diamant noir 0.1
6. Marchands de rêves feat. Mekhlouf
7. L’eau lave mais l’argent rend propre
8. Legacy feat. M99
9. La dope
10. Paris cage feat. Mac
11. La nouvelle vie de Jacques Chirac feat. M24
12. Fresh
13. De toute façon…
14. Survivre
15. Vol de nuit feat. Failfel
16. Décembre les enterrements
17. Le nègre
18. Spade
19. Liberian Bling feat. Al Peco
20. Les falaises
21. Sang pour sang diamant
Article rédigé à l’époque pour StreetBlogger et Générations 88.2
MAJ au 24/09/2009 : le nouvel album de Lalcko est en cours de réalisation! Stay Tuned!
MAJ au 30/01/2010 : Lalcko de retour avec son nouveau solo mais aussi présent sur le morceau fédérateur avec 15 autres MC’s : “HipHop4ever” : (disponible sur Itunes, Deezer – voir aussi le CLIP)!