Quand le Rap Francais et l’un de ses fer de lance est reçu dans l’une des plus grande école de France : ou quand Lino (moitié d’Arsenik) se rend à l’ENS – c’est la rencontre de “La Plume et le Bitume”. Pour ceux qui n’avaient pas pu assister en mars dernier à cet évenement, voici de quoi nous réjouir. Keira MAAMERI nous fait le plaisir de restituer au travers de quelques lignes cette conférence, les échanges et finalement cette rencontre avec l’homme que l’on nomme Lino.
Ça se passait le mercredi 11 mars 2015 à l’École Normale Supérieure. Il s’agissait d’une rencontre de deux heures intitulée “La plume et le bitume”, avec pour invité, excusez-nous du peu, Monsieur Bors, aka Lino, moitié du groupe Ärsenik.
L’ENS est le lieu par excellence de l’étude littéraire des textes et des écrits. Qu’un rappeur de métier comme Lino soit invité par cette respectable institution est une véritable consécration tant pour cet artiste que pour la culture qu’il défend. Une sorte de reconnaissance du sérail. Qui va s’en plaindre ? Sûrement pas les fans de la première heure.
La rencontre s’est passée dans un amphithéâtre visiblement trop petit pour y accepter tout le monde. Le public, relativement jeune, (18/25 ans), ne manquera pas de rappeler à Lino qu’il rappe depuis quelques années déjà (depuis leur naissance pour beaucoup). Avec humour, il leur assènera “Hey oh, je suis encore jeune et frais !”
En écoutant les échanges entre l’intervenant de l’ENS et le rappeur Lino, on se rendait progressivement compte qu’il y avait un fossé entre les deux mondes. En effet, tandis que l’un décortiquait de façon scolaire et disséquait au scalpel les textes de rap, l’autre était surpris par l’analyse scientifique qui en était donnée.
Lino, notamment devant l’énumération des figures de style relevées, réalisera qu’il les a écrites de façon automatique. Le Mc reconnait avoir une écriture intuitive, à la différence de celui qui a les codes académiques. Les allitérations et les assonances ; les anaphores et les redondances ; les oxymores et les hyperboles…sont pratiqués chez Lino, mais c’est inné !
Report par Keira Maameri
Plus d’informations > Site de l’ENS
A noter que Keira outre, être une passionnée de HH est aussi réalisatrice de documentaires dont celui intitulé “Don’t Panik“, et plus récemment elle se lance dans les projection et la promotion de son dernier documentaire “Carcan” qu’elle a elle même réalisé avec entre autre Berthet-One, Rachid Santaki, El Diablo … Sous le bandeau quoi de mieux qu’elle même pour parler de son nouveau bébé.
… Du fait que ces professions ne demandent pas de qualifications formelles, elles (les professions artistiques et littéraires) sont susceptibles d’attirer, également, des jeunes non diplômés en quête d’une carrière ou du prestige qu’elles peuvent offrir. La comparaison tient le pli de l’histoire. Ecrire c’est aussi exister pour une grande partie de celles et ceux qui ont choisi de faire littérature. « Autrefois la bohème exprimait une distanciation consciente et voulue par rapport à la société bourgeoise, comme la marque du positionnement d’avant-garde recherché dans le champ littéraire. Aujourd’hui dans la littérature urbaine au contraire, s’enracine dans une exclusion sociale et culturelle imposée, qui se reflète dans un positionnement marginalisé dans le champ littéraire. » Kenneth Olsson, Le discours beur comme positionnement littéraire, Stockholm 2011.
Je (Keira Maameri) me trouve donc à l’origine avec ce sujet : la littérature urbaine. Je crois au début qu’il s’agit de faire acte militant. Faire entrer dans le cercle codé de la culture française une dite «sous couche» sociologiquement séparée par une membrane fragilisée par un tir de préjugés d’un côté et une arrogance indépendantiste de l’autre. A l’origine du projet je me trouve en équilibre sur ce fil. L’avantage avec le fait de ne pas avoir d’argent pour lancer ses projets c’est que l’on est contraint d’attendre et que les projets murissent et s’enrichissent de l’inertie subie. Non pas que l’urgence se tarisse mais disons qu’elle se colore et qu’elle se hisse parfois empruntant des échelles de secours qui mènent à d’autres étages de réflexion. La pensée s’aiguise absorbant les expériences de vie…