A l’occasion de la sortie d’OPERAP dont vous avez pu découvrir récemment le clip (que vous pourrez voir ou revoir), nous avons pu échanger avec les deux hommes à l’initiative de ce projet : le MC et Producteur Faf aka Faf La Rage et son partenaire depuis quelques années : le musicien et compositeur : Sébastien Damiani.
Pourquoi ce nom “Operap” ? Jeux de mots – mais encore ?
SEB: OPERAP, je l’ai inscrit dans le coin de mon cahier de texte j’étais au lycée.. je venais d’obtenir la Médaille d’or de Piano au Conservatoire de Nimes, et je suivais un peu le hip-hop, j’ai démarré avec Sidney (Emission HIP-HOP à l’époque).
Après l’arrêt de l’émission, que je suivais, j’avais pensé à cette contraction, OPERAP, j’avais mis ça sur un coin du cahier, comme dans un coin de ma tête…
Imaginer une fusion entre deux univers que je kiffais bien, l’Opéra , avec l’Art lyrique et l’orchestre symphonique, et des rappeurs qui viendrait faire leur texte avec leur DJ, tout ça imbriqué
FAF : Simple et efficace pour décrire le concept.
On sait que Seb est très influencé et membre à part du “classique national” mais pourquoi ce morceaux ?
– à Marseille
– avec une ribambelle de rappeurs différents de part leurs localisations et générations.
SEB: A Marseille car c’est pour moi le berceau en France du Hip-Hop.C’est aussi ma ville de cœur, que j’aime énormément, c’est une ville qui, déjà en elle même, fusionne et propose un brassage de cultures de part sa population, cosmopolite.De plus, l’Opéra de Marseille, la ville, connait le travail que Larage-Damaini effectue depusi des années maintenant, elle nous a soutenu, et nous a proposé ce magnifique écrin qu’est l’Opéra, en nous faisant confiance sur ce projet.
Le choix des rappeurs est important, j’ai choisi avec Faf des rappeurs qu’on apprécie tout particulièrement, des artistes qui aiment aussi ce que l’on propose, sans prise de tête, des gens sains qui sont venus sur le projet avec le coeur, sans calculs.Ce sont des artistes avec qui ont a déjà collaboré, ou avec qui nous avons des projets. Des artistes sur lesquels je me suis éclaté de faire des covers au piano, kiffé leur univers respectifs, bref on était “en famille.
Le choix de démarrer OPERAP avec Youssef Swatt’s et d’enchaîner avec Shurik’n ça aussi c’est réfléchi : Plus de 30 ans de Hip-Hop réunis… non pas une passation de pouvoir, mais au contraire un véritable clin d’œil et une complicité évidente.
FAF : Marseille parce que c’est la maison. Ça fait longtemps qu’on discute avec la direction de l’opera de Marseille pour faire quelques chose ensemble . Un projet. Enfin on l’a fait. Le choix des rappeurs c’est d’abord humain . On aime ce qu’ils font et ce qu’ils représentent . Ce sont des artistes avec qui on est en connexion au moment où on travaille sur le titre et le clip . Et le côté générationnel à contribué à affiner notre choix sur le titre .
Pourquoi ces MCs là ?
Demi Portion n’est pas loin mais tout autre génération ? Et Sat évidemment …
La question ne se pose pas pour ton frère (FAF : NDLR : Faf est le frère de Shurik’N) mais les autres ?
SEB: Après mes collaborations multiples avec IAM, mes années de travail intenses devant les claviers et les prods, j’ai pu prendre un peu de recul et davantage écouter ce que proposait d’autres artistes en France, artistes peut être moins connus (je pense à Youssef, à Lacraps) mais avec du talent à revendre. Des prods bien léchées, un flow de fou, un univers qui m’a tout de suite parlé chez ces deux artistes. Ils sont vraiment talentueux, gentils, intelligents, de bons gars, ça triche pas.
Demi-P, je le suis depuis longtemps, 2013, ça fait 5 ans. J’écoute son travail, ses textes, j’aime sa personnalité, son sourire, ce qu’il dégage. Il est “solaire” et sa sérénité fait du bien. Sat et Jo (Ndlr : Shurik’N) , on se connait depuis longtemps… Je te fais une confidence, Jo, avec l’album “Où je Vis”, a sorti pour moi en 1998 le plus bel album de rap de tous les temps, en France. Mon album de chevet. Donc c’est une fierté de ouf de l’avoir sur le projet. On aime se brancher tous les deux, tout le temps… 🙂 Quand à Sat, c’est un ami, un artiste hors-norme, sensible et avec qui on a partagé des choses, il kiffe les sons que je kiffe aussi.Un mot sur Cecilia Arbel, la Soprano : elle a tout de suite capté le concept, on parle le même langage, je viens du “classique” à la base, et même si la musique est un langage universel et n’a pas de barrières, le fait de parler lyrique avec elle, de lui expliquer comment cela aller se passer, l’a rassuré, et elle m’a fait confiance.De plus elle est mariée à un grand pianiste concertiste, de talent.On est dans le même “univers” : ça aide beaucoup. La Chorale Anguelos et le Chœur Phocéen, tous deux basés sur Marseille, nous ont épaulé aussi sur le projet.Ils ont été très réceptifs aussi, tous ces artistes ont été au top, ouverts, à l’écoute, et ont montré une véritable envie, un engouement certain,
OPERAP c’est une fusion sur tous les plans : même pédagogique …
FAF: Rien n’à ajouter.
Quelles seront la / les suites de ce projet ? Cela annonce t il un album entier ?
SEB : Oui, un album est en route.Avec ces artistes et d’autres, en plus, qui viendront donner de la force et apporter leur soutien au projet.Des artistes hip-hop et des artistes Lyrique.
La suite, ce sera également un projet de concerts, Hip-Hopéra, un OPéra Rap quoi, OPERAP, avec des artistes légitimes et reconnus dans leur discipline respective.
OPERAP c’est la fusion de deux cultures urbaines à la base, un beau challenge nous attend. La puissance et l’émotion que dégage un Opéra, sera encore plus fou avec des rappeurs jouant des rôles, avec des textes, rappés, parlés, sur des cordes et un beat.
Une belle fresque du XXIeme Siècle reste à créer, nous travaillons dessus, étant à l’origine du concept.
FAF : Oui, le futur c’est l’album et la scène … on veut faire des clips toujours plus surprenants . Et du spectacle , une tournée … ça fait des années qu’on prévoit tout ça – et parfois par manque de moyen on dû regarder les autres reprendre des concepts proches ou identiques aux nôtres sans pouvoir rien faire : Cette fois on prend les devants.
Briser certains codes, tout en le faisant avec des artistes qui sont légitimes dans leurs arts respectifs (…)
Le mot de la fin
SEB: Briser certains codes, tout en le faisant avec des artistes qui sont légitimes dans leurs arts respectifs, rester légitime en respectant dans notre travail la culture Hip-Hop et l’Art Lyrique, OPERAP c’est la rencontre que j’ai toujours souhaité, depuis des années.J’ai travaillé longtemps dans le classique, travaillé ensuite dans le hip-hop, j’ai pu prouver certaines choses, j’ai patienté et attendu le bon moment pour sortir ce projet, afin de proposer le concept une fois que ceui-ci ai bien mûri dans ma tête, et celle de Faf.Nous avions déjà enclenché le process avec “Hip-Hop Symphonique”, nous étions même “en avance”, car ce fut difficile au début (rappelle-toi Dany..) beaucoup de retours frileux du métier…aujourd’hui, j’en rigole….tout le monde veut son orchestre symphonique…. avec plus ou moins de bons goûts et de bonnes idées…il ne suffit pas de faire jouer des notes à un orchestre, avec un beat, il faut aussi aimer les deux cultures, passionnément, et les connaitre suffisamment pour essayer de les mettre en valeur toutes les deux, avec de l’imagination et une prise de risque réelle. L’amour ne se fait pas seul.
FAF: Aujourd’hui dans la musique, je cherche à être surpris/inspiré. Je veux que ce soit mon cœur qui réagisse avant tout avoir des sensations, de l’envie, de l’inspiration. J’ai déjà vécu beaucoup de choses dans le Game : des succès,des échecs. J’ai des disques de platines, j’ai joué dans des stades, j’ai voyagé … tout va vite aujourd’hui et la musique se consomme.
Mais avec Operap je retrouve mes sensations des débuts : j’ai des idées, je n’en dors pas, l’inspiration déborde (…)
Quand on débriefe avec Seb ça va loin. Le projet va être actuel et intemporel. On n’est pas bloqué dans le passé. L’album va surprendre … ce sera nouveau,inédit,inventif. Et cette fois on est plus structuré, on canalise, On crée avec le cœur et donc on peut pas se tromper : les gens le sentiront.
Crédits photos : Olivier Martino (DR), Hormis celle en studio : Lakonfiserie.
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